Travailler avec persévérance dans un contexte rempli de défis
L’année 2018-2019 aura été difficile pour les éleveurs de porcs du Québec, une année remplie de défis, mais durant laquelle nous nous sommes retroussé les manches et avons redoublé d’efforts.
Nous avons été confrontés à une combinaison d’enjeux qui ont fragilisé nos entreprises et pesé sur la qualité de vie de nos familles. La guerre commerciale des États-Unis avec le Mexique et la Chine nous a fait mal. Néanmoins, nous avons continué de travailler avec acharnement pour améliorer notre environnement d’affaires, notamment sur la Convention de mise en marché des porcs. À cet effet, la décision de la Régie représente un progrès déterminant. De plus, le dialogue avec le nouveau gouvernement du Québec est positif. Mais le temps presse.
Quatre demandes claires et pressantes
Les demandes des éleveurs sont claires.
Premièrement, obtenir un juste prix en provenance des marchés. La dernière année a été consacrée à ce dossier prioritaire. À l’automne, nous avons connu six jours d’arbitrage. Le 30 avril, la Régie rendait une décision importante reconnaissant l’essentiel de nos demandes. Elle a retenu notre proposition de mettre en place un mécanisme de correction du prix qui s’appuie sur la valeur de la viande de porc.
Tout au long du processus, éleveurs et administrateurs ont répondu présents. Votre appui aura été déterminant. Je suis fier du dossier rigoureux et étoffé que nous avons monté. C’est le fruit d’un travail acharné. La Régie a d’ailleurs reconnu la qualité de ce travail dans sa décision. Je tiens à remercier tous ceux qui y ont contribué.
Deuxièmement, il faut améliorer la gestion des risques de nos entreprises, une condition essentielle, voire incontournable, à la prise de décision lorsque nous devons réaliser des investissements majeurs. Malheureusement, le nouveau modèle de coût de production de l’ASRA reflète une réalité d’un secteur qui n’a pas investi depuis trop longtemps. Une réalité anormale pour une production en santé. Une situation qui justifie notre proposition de maintenir la couverture du modèle précédent.
La Financière agricole doit jouer un rôle plus actif dans un contexte où les marchés sont devenus volatils et imprévisibles. C’est pourquoi, dans les dernières semaines, nous lui avons demandé de contribuer au financement du crédit nécessaire permettant d’assurer le plein potentiel du SGRM, un outil devenu incontournable pour une grande majorité des éleveurs de porcs.
Troisièmement, nous demandons un programme d’appui à l’investissement qui soit adapté à notre secteur qui souffre de sous-investissement chronique. Ce programme doit être simplifié. Dans le cadre des consultations prébudgétaires, et lors de nos différentes représentations, nous avons surtout insisté sur la nécessité d’assouplir les règles du programme et de réduire les délais pour que les producteurs puissent y avoir accès plus rapidement, plus facilement et aussi afin d’assurer une meilleure utilisation de l’argent de l’État.
Quatrièmement, au cœur de la guerre commerciale opposant les États-Unis avec la Chine et le Mexique, nous avons connu une chute subite des prix, une perte que nous avons évaluée à environ 6 millions $ par mois pour les éleveurs de porcs du Québec. En août dernier, nous avons demandé aux gouvernements une compensation de 50 millions $ afin d’améliorer nos liquidités. Aux États-Unis, les éleveurs de porcs ont été dédommagés rapidement pour les pertes de revenus engendrées par ces conflits commerciaux. Nos gouvernements doivent faire de même.
Le gouvernement Legault doit donner le bon signal rapidement
Depuis des années, nous travaillons d’arrache-pied pour améliorer notre environnement d’affaires. Plusieurs d’entre nous sont à la croisée des chemins. La dernière année a été difficile. Dix mois sur douze, nous n’avons pas rencontré nos coûts.
La situation engendrée par la peste porcine africaine en Chine et la décision positive de la Régie offrent de belles occasions d’affaires pour toute la filière. Nous attendons maintenant un signal clair de la part du gouvernement du Québec en lien avec les demandes évoquées précédemment. Ce nouveau gouvernement de la Coalition avenir Québec est issu des régions, comme nous. Il a des priorités qui résonnent chez les éleveurs de porcs : l’augmentation des exportations, la stimulation des investissements, la création de richesse en région, la valorisation de l’entrepreneuriat. Ce sont des thèmes qui nous parlent.
Nous ne demandons pas mieux que de contribuer aux objectifs ambitieux du gouvernement et de la Politique bioalimentaire. Ces objectifs sont clairs : augmenter de six milliards de dollars les exportations bioalimentaires internationales du Québec, favoriser un investissement total de 15 milliards de dollars par les entreprises agricoles en plus d’ajouter 10 milliards de dollars de contenu québécois achetés au Québec. Nous sommes enthousiastes à l’idée d’y contribuer, voire de les dépasser. À l’heure actuelle, le secteur porcin est le mieux placé dans le milieu agricole québécois pour y arriver, et ce, en mettant à contribution l’ensemble des régions du Québec. Nous avons maintenant besoin d’un signal clair.
Au cours des derniers mois, un gros travail de terrain a été fait à l’échelle nationale et par nos syndicats régionaux pour rencontrer les nouveaux élus et leurs collaborateurs, expliquer nos positions, faire valoir nos revendications. Les canaux de communication sont ouverts et le ton est positif.
Bloquer la peste porcine africaine
L’épidémie de peste porcine africaine a débuté en Chine au cours de l’été dernier. Nous assistons depuis à une baisse de production sans précédent, ce qui entraîne un bouleversement de marché important. Ce bouleversement, qui se poursuivra, offre de nouvelles opportunités d’exportation lucratives pour le porc canadien. À moyen terme, ces nouvelles possibilités nous permettront de consolider notre place sur de nouveaux marchés en Asie et ailleurs en établissant des relations d’affaires durables, basées sur la confiance qu’inspire notre produit.
Il nous faut cependant mettre en place des mesures qui préviendront l’apparition de la maladie chez nous. C’est exactement ce à quoi nous travaillons conjointement avec le Conseil canadien du porc, l’Agence canadienne d’inspection des aliments et l’Agence des services frontaliers du Canada. Je tiens ici à saluer le rôle incontournable de l’Équipe québécoise de santé porcine. Sa responsabilité est double : information et prévention, notamment par un plan de mesures d’urgence. Il faut bien comprendre pour bien réagir, et c’est exactement ce que fait l’EQSP depuis plusieurs mois.
Une année charnière
L’année 2018-2019 aura été une année charnière, une année de transition.
Nous avons tenu bon dans un marché difficile. Nous avons défendu nos intérêts avec une détermination sans failles. Nous avons fait entendre nos revendications sur toutes les tribunes : juste prix, compensation pour les pertes liées aux conflits commerciaux, meilleure couverture de l’ASRA et un appui véritable à l’investissement. Voilà nos demandes, voilà les conditions pour équilibrer le climat d’affaires.
Nous avons établi un dialogue avec le nouveau gouvernement du Québec. Les présentations sont faites, les enjeux sont connus, les chiffres sont sur la table. Le temps des décisions s’en vient, et nous sommes optimistes.
Nous avons fait des gains qui vont nous permettre, ainsi qu’à notre relève, d’avoir une plus grande liberté de choix pour nos entreprises. Ils ont été possibles parce que nos demandes sont solides, bien appuyées et étoffées. Mais si nous avons fait ces gains, c’est d’abord parce que nous sommes mobilisés, parce que notre voix est forte, parce que nous sommes fiers de la place que nous occupons, chez nous, et sur les marchés.
Merci pour votre appui qui fait toute notre force, merci à toute l’équipe pour un travail de grande qualité.
On dirait que le vent commence enfin à souffler du bon bord.
Le président, David Duval